Une semaine en Tunisie en demi-pension pour 149 euros, sept jours en République dominicaine à moins de 900 euros, une croisière de neuf jours dans les Antilles pour 1.300 euros, vol compris… Les voyagistes rivalisent d’offres pour allécher le client. Eh oui, la crise est de devenu un argument commercial ! Confrontés à des réservations en chute libre, les tour-opérateurs multiplient donc les promotions et les hôteliers baissent les prix. “En ces temps de crise, les clients attendent beaucoup plus avant de se décider”, relève Petra Friedmann, directrice générale de l’agence de voyages en ligne Opodo France. Du coup, pour “écouler leurs stocks” (chambres d’hôtels et places d’avions), les tour-opérateurs cassent les prix.
Seuls les tarifs des billets aériens sont loin de suivre le plongeon des prix du pétrole. Pour les tarifs des billets d’avion, Opodo a constaté une légère décrue depuis septembre, mais les prix n’ont pas franchement dégringolé. Et les grandes compagnies aériennes se font tirer l’oreille pour baisser leurs surcharges carburant. Alors que les prix du pétrole ont été divisés par trois depuis juillet, avec un baril cotant autour de 46 dollars à Londres, les surcharges carburant pour les vols long-courriers d’Air France-KLM ou de Lufthansa ont baissé de moins de 30%.
Moins frileux, de nombreux tour-opérateurs ont pris l’initiative de baisser leurs prix ( Marmara, Fram, Vacances Transat etc…) pour tenir compte de la chute du pétrole. Nouvelles Frontières a calé ses promotions sur la période réglementée des soldes d’hiver dans les magasins. Depuis le 7 janvier, les vitrines de ses 300 agences portent l’inscription “soldes”, avec des rabais jusqu’à 40% sur quinze destinations. Et l’action a porté ses fruits : “en une semaine, nous avons enregistré près de 3.100 clients”, indique le président de son directoire, Jean-Marc Siano. Mais la tendance globale reste à la baisse, avec un retard des réservations pour l’hiver de plus de 9%.
Mais ce n’est pas encore la guerre des prix : “il y a des promotions, mais pas de vaste braderie, la plupart des tour-opérateurs ont réduit à temps leurs capacités” pour anticiper le recul des ventes, note Jean-Marc Siano. Nouvelles Frontières a ainsi baissé de 10% ses capacités aériennes pour l’hiver. Ses concurrents comme Fram ou Look Voyages ne sont pas en reste, avec une série d’”opérations promos”, alors que Marmara revendique la place de voyagiste le moins cher pendant toute l’année. Même le haut de gamme s’y met, avec le Club Med qui offre des rabais de “400 euros à deux” pour certains villages.
Face à une baisse de la fréquentation, de nombreux hôtels parisiens se sont associés à la campagne “Soldes by Paris”, offrant des remises jusqu’à 40%. But de l’opération : attirer des touristes accros du shopping venant du monde entier pendant les soldes d’hiver. Les prix moyens des chambres d’hôtels dans le monde ont commencé à baisser dès le troisième trimestre 2008 (-3%), selon l’indice des prix du site de réservation d’hôtels en ligne Hotels.com, qui s’attend à une poursuite de la décrue en 2009. Mais attention… Fort de sa position dominante en France et en Allemagne, le groupe Accor “n’a pas l’intention” d’y baisser les prix, mais pourrait y être contraint en Angleterre, où la concurrence est plus forte, explique son directeur financier Jacques Stern. “Une guerre tarifaire serait mauvaise pour l’ensemble de l’industrie et catastrophique pour les hôteliers les plus faibles qui n’ont pas les reins assez solides”, prévient cependant le président du cabinet d’études MKG, Georges Panayotis.